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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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Paracha « Tsav »

N° 505 –Paracha « Tsav » – 15 adar B 5765 – ב »ה –

RAV DOV BIGON
DE L’URGENCE D’UN CONSENSUS, LA THORA

Dans une lettre aux « Rabbins d’Israël » (année 5672 – 1912), le Rav Kook envisageait déjà l’éventualité d’une guerre civile. Il expliquait en substance : de toute urgence, on doit faire de la religion le patrimoine de tous pour éviter la haine et les querelles qui remettraient en question l’existence de l’état à venir ; sinon, les antagonismes atteindraient alors leur paroxysme. Pour prévenir une guerre civile, il faut donc mettre en exergue le dénominateur commun qui fait l’unité du peuple. On connaît trop bien les haines fraternelles et, pour les prévenir, on doit renforcer la foi et la religion. Au nom de notre peuple, des « villes de notre Dieu », de notre nation et au nom de Sion, nous exhortons nos frères à « vivifier la foi, à mettre en valeur la religion et à réhabiliter concrètement la Thora au sein du peuple tout entier, ce qui sera source de bénédiction ». Partant, conclut-il, l’opposition à la Thora disparaîtra (« Zikhron Haréiya » I, Ed. « Mossad Harav Kook »).

Les considérations du grand Maître écrites il y a près de cent ans illustrent cette maxime : « Est dit sage celui qui voit par anticipation » (Traité de la Guémara « Tamid » 32 A). A l’époque, elles étaient une réaction à une déclaration du Mouvement sioniste qui « n’a rien à voir avec la religion ». Prenant le contre-pied, le Rav Kook expliquait que le Sionisme ne pourrait réussir qu’en puisant directement à la Thora, sinon il serait « sans persistance et sans espoir » (« Iguérot Haréiya », 497). Il avait pressenti la crise que traverserait l’état en se coupant de la Thora, de la foi et de la religion, valeurs nationales de la plus haute importance.

Actuellement, on parle de séparer l’Etat de la religion et, à Dieu ne plaise de considérer Israël comme « l’état de tous ses habitants », conception extrêmement dangereuse. En réaction contre la « séparation » des valeurs de la religion, de la foi, du peuple et d’Eretz Israël, on doit créer un mouvement pour vivifier à nouveau ces valeurs au sein du peuple afin d’opérer un changement dans l’état ; il aura pour emblème : « Etat d’Israël ».

Avec amour et détermination, on doit promouvoir cet idéal, le peuple en a besoin et en est digne. Alors, avec orgueil, il atteindra dans la joie sa destination.

Dans l’attende de la Délivrance pleine et entière.


RAV SHLOMO AVINER
DROLE D’ORGUEIL

« Comment est-elle devenue une prostituée, la cité (Jérusalem) fidèle ? ! » (Is. I, 21). Comment pouvoir s’imaginer qu’à Jérusalem, la Ville sainte, on puisse organiser une « Gay Pride » « (le Défilé de l’Orgueil », comme on l’appelle ici) lorsqu’on est inverti(e) et qu’on est mu(e) par des pulsions qui relèvent de la « prostitution » (par ce mot, le Judaïsme entend des relations interdites, pas forcément rétribuées ; d’après Abraham Iben Ezra sur Ex. I, 12), comportement que la Thora prohibe : « Si un homme cohabite avec un autre homme comme il le ferait avec une femme, tous deux auront commis une perversion répugnante, ils seront lapidés » (Lev. XX, 13). « Défilé de l’Orgueil » ! Cette forme abjecte d’exhibitionnisme dépasse l’entendement. S’enorgueillir de transgresser la Thora ? Au lieu de défiler, ils feraient mieux de « faire téchouva » (se repentir, revenir vers Dieu) et combattre ce mauvais penchant. Afficher publiquement qu’on a succombé à ses pulsions est-ce là un acte de bravoure ? Comme on le sait, on vit avec son mauvais penchant ; néanmoins, on a aussi le libre arbitre, c’est un grand principe de la Thora (cf. Maïmonide, « Hilkhot Téchouva » V, 3). Assurément, le combat est souvent difficile, la victoire est toujours possible « et on est récompensé suivant la peine (qu’on s’est donné) (Maximes des Pères, Chapitre V, 21).
Le combat est encore plus âpre lorsqu’il s’agit de modifier sa nature et son caractère, travail sur soi auquel la Thora nous astreint : « Tu iras dans Ses voies (celles de l’Eternel) » (Ibid., « Déot I, 5 sur Deut. XXVIII, 9). L’auteur du « Sentier de Rectitude » (Chapitre XI) fait d’ailleurs remarquer que la « réparation » des qualités morales est plus difficile que celle des actes, ce qui est très encourageant car si on domine ses inclinations, c’est-à-dire sa nature, et que, plus encore, on les oriente vers le bien, alors on est d’autant plus digne d’éloges (cf. Maïmonide, « Chémoné Pérakim », Chapitre IV). Implicitement, en qualifiant « d’abjection » ce comportement interdit, Dieu laisse à entendre que l’introversion n’est pas « naturelle ». La Thora ne vise pas à détruire la nature humaine mais, au contraire, à la vivifier : « Observer Mes décrets et Mes lois car c’est seulement en les observant qu’une personne peut réellement vivre ». Je suis Dieu » (Lev. XVIII, 5). Ce verset précède immédiatement ceux qui concernent les interdits sexuels pour enseigner que la vie authentique doit passer par cet effort sur soi, que la déviation soit d’ordre génétique ou psycho sociologique, comme l’ont prouvé des recherches sur cette question (cf. par exemple site Internet www.atzat-nefesh.org de l’organisation « Atsat Néfech », Tel Aviv, à laquelle on peut s’adresser par téléphone, gratuitement et sans devoir s’identifier, le lundi, le mercredi et le jeudi de dix heures à vingt heures. Signalons que ces déviations ne sont pas héréditaires. Suivant Maïmonide, certains traits de caractère sont héréditaires, d’autres sont acquiss (« Hilkhot Déhot » I, 2), mais, constamment, on doit travailler à les corriger ce qui, parfois, ne se fait pas sans labeur, mais « l’homme a été créé pour le travail (sur soi) » (Job VI 7).

Cette année, on veut organiser le « Défilé de l’Orgueil International » à Jérusalem. D’abord, ce défilé va à l’encontre de toute la symbolique spirituelle de la ville sainte ; de plus, il réfute la notion même de libre arbitre, dignité inhérente à l’homme comme créé suivant la représentation que Dieu avait de lui, réfute la croyance que l’homme peut changer, source d’espoir pour l’humanité, réfute enfin la notion de pureté familiale et d’union avec son épouse (cf. Gen. II, 24), et non pas avec un homme (Traité Sanhédrin » 58 a).

La distinction homme- femme est également d’ordre psychique et exprime une répartition des tâches. L’inverti reste toujours père et, l’invertie, toujours mère et « l’aide qui lui convient (qui convient à son mari) » (ibid. II, 18) ; c’est pourquoi elle est différente de l’homme ; si elle lui ressemblait, à quoi bon la créer femme ? (D’après Abarbanel et Sforno sur op. cit.).

L’expérience montre que de nombreux invertis qui se sont finalement mariés (au sens normal du mot) par une autorité rabbinique ont connu le bonheur lorsqu’ils ont réellement travaillé sur eux ; on ne crée pas de théorie à partir de cas isolés. Par un processus de sublimation, l’inverti peut transformer ses tendances en pure amitié, ce qui est une valeur sociale.

Ainsi, on ne saurait légitimer ce comportement. Néanmoins, celui (ou celle) qui le suit « reste juif même s’il faute » (passim). Mais comment participer à ce défilé lorsque, suivant la Thora, on est passible de mort ?! Et de quoi être « gai ? » De fauter ?! La joie c’est dans le bien qu’elle se trouve. « La lumière se répand sur les justes et la joie sur les cœurs droits » (Ps. XVIIL, 11). Avec le même regard critique, Séfania disait : « J’éloignerai du milieu de toi tes gais d’orgueil (traduction précise) ; tu ne continueras plus à porter haut le front sur Ma sainte montagne (Sef. III, 1), mais qu’au plus vite nous vivions : « Entonne des chants, fille de Sion, pousse des cris de joie, ô Israël, réjouis-toi ; exulte de tout cœur, fille de Jérusalem » (ibid ibid., 14), joie qui puise à la pureté et à la sanctification de l’Eternel.

(Traduit et adapté par Maïmon Retbi, spécialisé dans les sujets kodech, hébreu/français. Portable : 0545913772).