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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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Paracha Pékoudé

N° 503 Paracha « Pékoudé », 1 adar b 5765 ב »ה

RAV DOV BIGON

A MES FRERES, HEROS DIGNES
DE TOUTES LES LOUANGES

Dans un article (« Vaillance et Force », repris dans le livre « ‘Hamech Dérachot »), le Rav Joseph Solovetchik établit une distinction entre « vaillance » et « force ». La « force », explique-t-il, participe du physique ; la « vaillance », du spirituel. « Est dit « vaillant » celui qui domine son penchant (au mal) » (Maxime des Pères IV, 1).

Lorsqu’il se bat avec plus faible que lui, le fort se passe de cette qualité, contrairement au vaillant, confronté à plus fort que lui, à une situation objective où logiquement le combat est perdu d’avance. La vaillance tient un peu du « paradoxe » et de « l’absurde ».

A l’occasion de « ‘Hanouka » et de « Pourim », on rappelle cette vaillance : « Les délivrances, les réconforts et les guerres que Tu as accomplis pour nos ancêtres à ce moment-là, à cette époque (de l’année) » (Rituel des Prières ; relativement aux victoires des Juifs sur Hamman – Pourim – et sur les armées hellènes – à ‘Hanouka). A ces deux moments historiques, la vaillance a vaincu la force.

Pour moi, est dit « juif » celui qui est vaillant, toujours prêt à être minoritaire, qualité qui est l’un des fondements du Judaïsme. « Jacob resta seul. Un étranger (l’identité incarnée d’Esaü, l’ennemi juré d’Israël) apparut et lutta avec lui jusqu’au lever du jour » (Gen. XXXII, 25).

D’emblée, le début du « Choul’hane ‘Aroukh » (codification de la loi rabbinique par le Rav Joseph Caro) met en exergue l’importance de vivre le Culte divin avec vaillance : « Au matin (au saut du lit), on sera maître de soi comme le lion pour se lever, au Service de notre Créateur ».

Ceci étant – Les habitants de la Judée Samarie, de Goush Katif et tous les « amants d’Eretz Israël » sont les héros de notre génération. Sans peur, ils tiennent bon face à Sharon qui écrase tout sur son passage, « l’homme fort », en apparence, puisqu’il contrôle l’armée, la police, la « légalité », l’appareil judiciaire, les médias et les finances ; face à lui, ces vaillants habitants qu’animent la foi, la Thora, les bonnes actions, la loyauté envers leur peuple et leur terre, des justes qui, bien souvent, ont perdu l’un des leurs, assassiné par les Arabes, des veuves, des orphelins qui, malgré tout, s’accrochent à ces implantations, « Terre de leur vie ». Ils n’ont ni la force de Sharon, ni son pouvoir d’écraser, mais ils ont la vaillance et la foi. Aucune force au monde ne pourra les briser et ils l’emporteront, à l’instar de David sur Goliath, l’homme imbu de sa force.

Durant des milliers d’années, les « hommes forts » de l’extérieur comme de l’intérieur n’ont pu briser la foi et la vaillance de notre peuple. De ceux qui incarnent ces valeurs il est dit : « Humiliés mais qui n’humilient pas, qui entendent l’opprobre (mensongère qu’on dit sur eux) sans mot dire, qui agissent avec amour et qui sont heureux des souffrances (qu’ils subissent). C’est d’eux qu’il est dit « Tes amis (ceux de Dieu) rayonneront comme le soleil dans sa vaillance » (d’après Traité « Chabbat » 80 2, inspiré de Jug. V, 31).

Votre sort est bien enviable et vous êtes dignes de toutes les louanges.

Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.



RAV SHLOMO AVINER

POURQUOI DECHIREZ-VOUS ?

Monsieur le Président de l’Etat et vous, responsables du Gouvernement, pourquoi déchirez-vous le peuple ?! Moi, sans fin, je couds, j’ai du fil et des aiguilles, mais vous déchirez plus vite ! J’ai les doigts en sang, je n’ai pas de dé ! N’êtes-vous pas conscients des scissions que vous faites, que le tissu de notre peuple est fragile et hétérogène ? Des religieux qui veulent un état saint, des non religieux qui le veulent laïc, des gens de droite qui veulent tout Eretz Israël, des gens de gauche qui n’en veulent que la moitié ! A grand peine, pendant quelque cent ans, nous avons cousu ensemble, mais les coutures sont elles aussi bien délicates. Vous déchirez la trame de la fraternité et de l’unité nationale qu’on a eu tant de mal à ourdir. Le savez-vous ? Ou bien vous seriez-vous détachés de nous aussi ? Assurément, Monsieur le Président, vous n’agissez pas par perfidie, vous êtes sincèrement convaincu d’œuvrer pour le bien de notre peuple. Néanmoins, vous vous trompez tragiquement. Vous redoutez l’opinion publique internationale, mais à quoi bon la craindre si vous devez déchirer votre peuple ?
Il n’y aura pas de guerre civile, nous sommes responsables. Mais la guerre des insultes peut aussi entraîner des désastres. Quelles que soient nos conceptions du monde, nous sommes un peu comme des parents à l’égard de notre peuple ; et si nous nous querellons, insultons, haïssons ou même gardons rancune, nous portons d’abord préjudice à nos enfants qui ne s’épanouissent pas comme il faut s’ils ne voient pas la sérénité chez les adultes.
Alors, pourquoi déchirer et écraser ? Excusez la critique mais même vos admirateurs déplorent votre comportement. Pourquoi désagréger l’armée et même la société en confiant aux soldats des missions impossibles ? Auriez-vous peur d’un référendum ? Ne verriez-vous en lui qu’un prétexte pour gagner du temps ? En réalité, il est de la première importance. D’ailleurs, je ne vous comprends pas. N’êtes-vous pas le héros qui nous a sauvés à la Guerre de Kippour et qui a si bien su juguler la terreur ?! Qui, mieux que vous, ne connaît les habitants de Goush Katif, désintéressés, pondérés et délicats qui ne demandent qu’à étudier et travailler, des gens comme vous et moi, tout simplement. Mais, tout d’un coup, on les bafoue, les lynche et les traite comme des ennemis publics, eux qui avaient mis en vous toute leur confiance et qui, maintenant, se voient trahis et rejetés !
Lors de la première expulsion d’Elon Moré, le Rav Tzvi Yéhouda pleurait parce qu’on déracinait des Juifs d’Eretz Israël et qu’on créait une situation osù ils se querellaient. Voilà exactement ce que vous faites, pousser des gens modérés des différents courants à prendre des positions extrêmes. On tremble de peur au spectre de la guerre civile ; moi, non. Je crains seulement que l’équilibre précaire si difficilement réalisé ne soit rompu.
Monsieur le Président de l’Etat, vous ne vaincrez pas par la force ; et, si oui, votre victoire aura l’effet d’une défaite. On peut réparer les préjudices portés aux biens, guérir les blessures, des corps et même des âmes ; mais le viol des valeurs morales que vous perpétrez entraîne un dommage irréparable. Et si, à Dieu ne plaise, vous mettez le plan d’expulsion en pratique – par des policiers non juifs, bien entendu -, vous aurez tellement honte de vous que vous n’oserez plus vous « regarder en face ». Quant à nous, malgré tout, nous continuerons à construire et à nous épanouir car « le caractère d’éternité d’Israël ne sera pas pris en défaut » (Sam. I, XV, 29, lecture possible).
Aussi, je vous en conjure, arrêtez ! Ou, au moins, allez consulter le peuple. Peut-être, on aura plus de mal avec nos ennemis mais cela ira mieux entre nous, ne pensez-vous pas ? Assurément, dans un esprit d’amour, de fraternité et de paix, nous triompherons de nos ennemis, de l’extérieur comme de l’intérieur, vous possédez si bien l’art de pacifier ! Nous donnerons notre argent aux pauvres, mettrons notre intelligence au service de l’éducation, et notre vitalité à rendre heureux les indigents, ce qui sera bien pour tous.

(Traduit et adapté par Maïmon Retbi, spécialisé dans la traduction français/hébreu de sujets « kodèches »)