Shiur Video

Rabbi Feuillet hebdomadaire
https://vimeo.com/NULL

F – Paracha « Tazria »

RAV DOV BIGON
CECI ETANT
LE PEUPLE ETERNEL


« A l’approche de la venue du Messie, l’insolence ne connaîtra plus de bornes ». Ces considérations, explique Rachi, concernent la fin de l’exil, à l’approche de la venue du Messie et de la « Lumière, nouvelle, (qui illuminera) Sion » (passim). Précisément à ce moment-là, les conflits d’ordre spirituel seront exacerbés, un peu comme avant l’aube où les ténèbres sont le plus opaques. Le Traité « Sota » (Chapitre IX, 15) décrit par anticipation l’état de pauvreté économique, moral et intellectuel qui prévaudra à cette époque : cherté de la vie, gouvernement « qui devient hérétique », corruption généralisée, « les habitants des régions frontalières iront de ville en ville et personne n’aura pitié d’eux » (habitants de la Judée, de la Samarie et de la Bande de Gaza), « la sagesse des écrivains sera corrompue (la licence de la littérature), ceux qui craignent l’Eternel seront objet de répulsion, la vérité disparaîtra (confusion totale des idées). Les jeunes feront rougir les vieillards, ceux-ci seront debout devant les enfants, le fils, débridé, se dressera contre son père, la bru, contre sa belle-mère, l’homme aura pour ennemi les gens de sa maison » (désagrégation de la cellule familiale), la génération aura l’aspect d’un chien » (d’après certaines interprétation, les dirigeants de cette génération auront l’aspect de cet animal) (pour le Judaïsme, le « chien » symbolise l’insolence sans limite et les appétits toujours inassouvis). Le fils n’aura pas honte de son père. Sur qui pouvoir compter ? – Sur notre Père Céleste » (cf. op. cit.).


Actuellement, on doit avoir une foi bien solide pour croire que Dieu n’a pas quitté Eretz Israël ! En réalité, il s’agit de « souffrances (qui ont) pour (but d’) adoucir » (passim), qu’elles touchent le corps ou l’esprit. Par elles s’effectue le processus de décantation, les ténèbres sont un prélude à l’aube, processus que ne peuvent expliquer que des Sages éminents, en considérant la situation présente de haut et d’un regard pénétrant (Rav Tzvi Yéhouda Kook, « Hatora Hagoélet ») 4, §68). Par-delà les difficultés, on doit savoir pressentir cette lumière latente.


Ceci étant : de toute part, on attente aux valeurs sacro saintes du Judaïsme pour faire d’Israël « un état comme les autres). Mais, là encore, il s’agit de souffrances, bénéfiques, à fins de décantation. Les antivaleurs prônées actuellement dévoilent, précisément, les valeurs authentiques en nous obligeant à prendre, davantage encore, nos distances à leur égard, sublimant, par effet de contraste, l’importance des valeurs véritables, Eretz Israël, par exemple, pour nous comme pour l’humanité tout entière. D’elles, précisément, on apprend le lien intrinsèque qui unit le peuple à sa Terre, sa dignité d’être choisi parmi tous les peuples (passim), sa vocation de dévoiler le Bien, « la différence entre le sacré et le profane, Israël et les (autres) peuples » (Havdala). Par cette confrontation, nous enseignerons à nos enfants l’identité, la spécificité et la destination de notre peuple sur sa Terre.


Comme si souvent mentionné, on doit créer un mouvement qui diffusera les valeurs authentiques du Judaïsme, du « peuple éternel », entité unique en son genre qui œuvre à propager l’appel et la vocation d’Abraham,
« Invoquer le Nom de l’Eternel, Maître de l’univers (Gen. XXI, 33). Partant, nous vivrons la Promesse Divine : « Je te ferai devenir une grande nation… Tu deviendras une bénédiction… Toutes les familles de la terre seront bénies par toi. » (ibid. XII, 3-4).

Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.

RAV SHLOMO AVINER
NE FAITES PAS TABLE RASE


Question : Contrairement à ce que vous dites, j’estime qu’on doit démanteler une armée pourrie comme la nôtre et, avec elle, cet état immoral qui expulse des Juifs de chez eux et libère des terroristes ! Est-ce cela que j’avais espéré ?
Réponse : Les deux perspectives ne sont pas contradictoires. La vôtre est céleste, idéelle ; la mienne, matérielle et pragmatique. Laissez-moi vous dévoiler un secret (Commentaire très connu du premier verset de la Thora) : « Au départ, Dieu avait eu l’intention de créer le monde suivant la modalité de la Rigueur » ; voyant qu’il ne pourrait pas subsister, Dieu lui a adjoint celle de la Générosité » (Rachi sur Gen. I, 1). Il ne l’a pas adjointe d’emblée car l’idéal céleste – et du Monde futur c’est la Rigueur. Au début, lorsque cette modalité prévalait, les « kélim » (vaisseaux) se sont brisés (concept cabaliste) car ils ne pouvaient pas supporter la « Lumière Divine, sans limites, contrairement aux « kélim », limités par essence. Aussi, le monde était d’abord « chaos » puis, progressivement, par la Générosité, il s’est « réparé ». Loin d’être antagonistes, ces deux modalités engendrent la « patience » (d’après « Sentier de Rectitude, Chapitre IV fin). On ne doit plus briser de nouveaux kélim, même si la réalité qu’ils expriment est souvent laide car, eux aussi, résultent de ce long travail d’élaboration.


On ne détruit une ancienne synagogue qu’après avoir construit une nouvelle, de crainte qu’empêché de le faire on ne se retrouve sans rien (Traité Baba Batra 3 b), attitude qui vaut aussi, par exemple pour un couple problématique. Restreindre la vérité ne signifie pas mentir car elle a différents niveaux. Par excellence, notre ancêtre Jacob incarnait la Vérité, vécue sous ses deux modalités, terrestre et céleste. Comme il y a des degrés (des échelons, cf. Commentaires sur « L’Echelle de Jacob », Gen. XXVIII, 12) on peut l’adapter sans la travestir « Maharal » de Prague, « Nétivot Olam », « Nétiv Haémet ». C’est pourquoi, devant le nouveau marié, on fait l’éloge de son épouse même si elle souffre d’une infirmité (« Traité « Kétouvot » 17 a). Pour recueillir, un « kéli » même sale et ébréché est toujours préférable à rien.


N’agissez pas en anarchiste qui veut détruire l’ordre existant dans l’espoir d’un ordre meilleur. Assurément, il est aussi idéaliste, âme élevée qui provient du « Olam Hatohu » (concept cabaliste, « Monde du Chaos » d’où émanent les âmes élevées). Il est, lui aussi, motivé par des principes, mais il ne fait que détruire. « Rigueur » et « Vérité » règnent en permanence, mais il faut savoir faire preuve de patience, mot qui, comme le signalait le Rav Tzvi Yéhouda, ne signifie pas concessions. De plus, ajoutait-il, on doit considérer la réalité non seulement sous la perspective de la « halakha » (loi rabbinique) mais aussi sous celle de la foi. Suivant le sens simple de la Thora, le monde apparaît sous la modalité de la Rigueur qui met en exergue les travers – haine d’autrui, désespoir, injustice. En revanche, suivant sons sens caché, le monde apparaît sous la modalité de la Générosité si bien que ces deux valeurs apparemment antagonistes se fondent harmonieusement et, partant, on ne le juge plus sous l’angle de la seule Rigueur (D’après « Orot Hatora » 10, §15).


Ne bisez ni l’armée ni l’Etat qui a pour symbole la « Ménora » (Chandelier à huit – dans le Temple, sept – branches) mais dévoilez sa lumière, vous en avez le devoir, jusqu’au lever du jour.
Cher ami, vous exagérez. Apprenez aussi à voir le bon côté des choses, et, de toute urgence, « faites téchouva » (se repentir, revenir vers Dieu). Lisez, je vous le conseille, et relisez le Chapitre VIII du « Sentier de Rectitude » pour savoir remercier l’Eternel, l’Etat, l’Armée et, à nouveau, pour vous rattacher à notre peuple, ancien et vaillant, qui aime son pays et son armée ! Regardez le chemin déjà parcouru, les gens, aussi, extraordinaires, quel que soit le courant d’idée auquel ils appartiennent ! Assurément, les égarés, les couardes et les fauteurs ne manquent pas non plus. Mais ne soyez pas de ceux qui menacent de quitter le pays, Terre sainte », « Terre de délice », « Terre de la vie ».


Lorsque le mouvement « Bilou » fut créé (nom formé des initiales du verset : « Maison de Jacob, allons » (Is. II, 5), le « Admore » de Lubawich de l’époque avait dit : « Si le verset avait figuré en entier (« …Marchons à la lumière de l’Eternel »), j’y aurais adhéré ». Et le Rav Kook de déclarer : nous veillerons à marcher à la lumière de l’Eternel. Malgré tous les problèmes, le Rav Tzvi Yéhouda disait : nous sommes heureux de ce qu’il y a sans, pour autant, composer avec la réalité présente.
Ayez vous aussi ce regard sur le monde ; qu’ensemble, nous continuions le chemin et, comme le disait le Rav Kook, « même s’il est long, cela n’effraie pas le peuple éternel ».

(Traduit et adapté par Maïmon Retbi, spécialisé dans les sujets kodech, hébreu/français. Portable : 0545913772).